Lymphome hodgkinien et non hodgkinien : Comprendre les différences essentielles

1 octobre 2025

Le lymphome : un mot, des réalités multiples

Avant d’entrer dans le détail, revenons à l’essentiel : un lymphome est un cancer né du système lymphatique, ce réseau de vaisseaux et de ganglions qui participe à la défense de notre corps contre les infections. On distingue principalement deux grandes familles :

  • Le lymphome hodgkinien (également appelé maladie de Hodgkin)
  • Les lymphomes non hodgkiniens

Pourquoi ces deux noms ? Ce n’est pas seulement une question de vocabulaire historique. Ils recouvrent des réalités médicales très différentes, du diagnostic à la guérison.

Qu’est-ce qui distingue vraiment un lymphome hodgkinien d’un lymphome non hodgkinien ?

La biologie et le diagnostic :

La grande différence entre ces deux types de lymphomes tient à la présence d’une cellule bien particulière appelée cellule de Reed-Sternberg, spécifique des lymphomes hodgkiniens. Cette cellule n’existe pas dans les autres lymphomes.

  • Le lymphome hodgkinien représente environ 10 % de l’ensemble des lymphomes (source : INCa).
  • Les lymphomes non hodgkiniens regroupent plus de 80 formes différentes et représentent la grande majorité des cas.

Âge et fréquence

  • Lymphome hodgkinien : il touche surtout les jeunes adultes (entre 15 et 35 ans) et les personnes âgées (après 55 ans), formant deux pics d’incidence.
  • Lymphomes non hodgkiniens : ils sont plus fréquemment observés après 60 ans, mais concernent aussi des enfants et de jeunes adultes selon le sous-type.

Quelques chiffres-clés :

  • En France, environ 2 600 nouveaux cas de lymphome hodgkinien sont diagnostiqués chaque année (INCa).
  • Les lymphomes non hodgkiniens concernent près de 15 000 nouveaux cas annuels en France.
  • Le risque de développer l’un ou l’autre des lymphomes reste globalement faible sur l’ensemble de la population.

Les symptômes : beaucoup de ressemblances… mais quelques différences

Les symptômes initiaux ne suffisent pas toujours à différencier les deux types de lymphomes :

  • Augmentation de volume d’un ou plusieurs ganglions (souvent indolores, dans le cou, les aisselles ou l’aine)
  • Fatigue persistante
  • Fièvre inexpliquée, sueurs nocturnes abondantes
  • Perte de poids involontaire
  • Démangeaisons parfois (surtout dans le lymphome hodgkinien)

Cependant, on observe que les sueurs nocturnes, la fièvre et les démangeaisons sont plus fréquentes et marquées dans la maladie de Hodgkin. À l’inverse, certains lymphomes non hodgkiniens peuvent évoluer très lentement, voire sans symptôme flagrant pendant des mois. Cela explique parfois des diagnostics tardifs.

Pourquoi ce nom “Hodgkin” ? Petite histoire du cancer

Le lymphome hodgkinien doit son nom au docteur Thomas Hodgkin, qui, en 1832, fut le premier à décrire cette maladie. Il identifiait alors une forme de “gonflement des ganglions”, que l’on différencie aujourd’hui grâce à un examen au microscope.

Zoom sur le lymphome hodgkinien

Caractéristiques

La maladie de Hodgkin se caractérise donc par la présence quasi systématique des fameux cellules de Reed-Sternberg, visibles au microscope lors de l’analyse du ganglion.

  • Évolution souvent “continue” : les ganglions malades s’étendent progressivement d’une région à l’autre, rarement de façon disséminée d’emblée.
  • Bon pronostic : les avancées dans les traitements font que plus de 80% des patients en guérissent, y compris au stade avancé (Ligue contre le cancer).
  • Touchant majoritairement les jeunes adultes, il bénéficie d’un suivi spécifique et de réseaux dédiés pour les adolescents/jeunes adultes.

Traitements du lymphome hodgkinien

Le schéma thérapeutique comprend une association de chimiothérapie et/ou de radiothérapie. La greffe de cellules souches est réservée aux patients chez qui la maladie récidive ou résiste au traitement standard.

Les séquelles à long terme (fatigue, risques cardiovasculaires, fertilité) font aussi l’objet d’une prise en charge anticipée, surtout chez les jeunes patients.

Le monde vaste et complexe des lymphomes non hodgkiniens

Des dizaines de maladies différentes

Là où la maladie de Hodgkin est plutôt homogène, les lymphomes non hodgkiniens regroupent plus de 80 sous-types différents, chacun ayant son mode d’évolution, sa gravité et son traitement.

  • Sous-types “indolents” : évoluent très lentement, comme le lymphome folliculaire. Certains porteurs n’ont pas besoin de traitement d’emblée ; on parle alors de surveillance active (source : HAS).
  • Sous-types “agressifs” : évoluent rapidement et nécessitent un traitement en urgence, comme le lymphome diffus à grandes cellules B (le plus fréquent chez l’adulte).

Cette grande diversité explique que le terme “lymphome non hodgkinien” ne soit pas un diagnostic en tant que tel : il faut toujours préciser de quel sous-type exact il s’agit, pour adapter au mieux la prise en charge.

Facteurs de risque

  • Âge avancé
  • Maladies du système immunitaire (VIH, greffe d’organe)
  • Expositions professionnelles à certains pesticides (études INCa 2015)
  • Certains virus (HTLV-1, EBV) peuvent jouer un rôle déclencheur sur quelques sous-types rares

Pronostic et évolution

  • Pour les formes indolentes, la survie à 5 ans dépasse 80%, mais certaines restent incurables actuellement. L’objectif est souvent de stabiliser au long cours.
  • Pour les formes agressives, la guérison est possible dans 60 à 70% des cas si la maladie est prise en charge tôt (SNFGE).
  • Les traitements sont, comme pour la maladie de Hodgkin, axés sur la chimiothérapie, parfois complétée d’immunothérapie ou, plus rarement, de radiothérapie ou de greffes.

Lymphomes : quels traitements aujourd’hui ?

Les traitements du lymphome se sont profondément transformés en vingt ans, avec, aujourd’hui, un objectif double : guérir le plus souvent possible, et préserver la qualité de vie.

  • Chimiothérapie (associée parfois à des médicaments immunologiques dits anticorps monoclonaux, comme le rituximab pour certains non hodgkiniens)
  • Radiothérapie ciblée sur les ganglions atteints (davantage dans le lymphome hodgkinien, plus rare chez l’adulte dans les non hodgkiniens)
  • Autres approches : la greffe de moelle, très encadrée, ou l’immunothérapie, avec des essais prometteurs (CAR-T cells), pour les formes les plus résistantes.

Le suivi de ces malades s’inscrit presque toujours dans une équipe pluridisciplinaire : hématologue, infirmiers, psychologues, mais aussi kinésithérapeutes, assistantes sociales, et parfois associations de patients pour le soutien et l’information sur les droits.

Quels signes doivent alerter un patient ou une famille ?

  • Un ou plusieurs ganglions durs, indolores et qui ne régressent pas après plusieurs semaines
  • Une succession de symptômes généraux inexpliqués (fatigues, fièvre, amaigrissement sans raison)
  • Une altération de l’état général, un prurit sans cause dermatologique évidente
  • Chez l’adolescent et l’adulte jeune, un ganglion du cou volumineux, sans douleurs associées

Il est important de retenir que l’apparition d’un ganglion n’est, dans la grande majorité des cas, pas liée à un cancer. Mais une surveillance est nécessaire : en cas de doute, mieux vaut consulter un médecin qui saura demander les examens appropriés.

Le diagnostic : une étape clé, parfois longue

Le diagnostic d’un lymphome passe par une biopsie du ganglion, qui permet de déterminer la nature exacte de la cellule impliquée, son agressivité et d’éventuelles caractéristiques génétiques facilitant un traitement personnalisé.

Un bilan d’extension est ensuite réalisé : plusieurs examens d’imagerie (scanner, TEP scan) et analyses sanguines pour évaluer la diffusion du lymphome dans le corps et orienter le type de traitement.

Avancées et espoirs : la recherche progresse vite

  • Le taux de guérison du lymphome hodgkinien a doublé depuis les années 1970 (source : Ligue contre le cancer), en partie grâce aux schémas de chimiothérapie mieux adaptés.
  • La recherche a mis en lumière de nouveaux biomarqueurs génétiques permettant de mieux choisir le traitement pour chaque sous-type de lymphome non hodgkinien.
  • Les thérapies dites “ciblées” et l’immunothérapie, en particulier les CAR-T cells (thérapie génique), offrent de nouvelles perspectives aux patients ayant une maladie réfractaire.

Dans la Manche, plusieurs hôpitaux travaillent déjà en lien avec de grands centres nationaux pour permettre à certains patients l’accès à ces nouvelles molécules via des essais cliniques.

Pour les familles et les aidants : des ressources locales existent

  • Groupes de parole animés à Cherbourg et Valognes par la Ligue contre le cancer, pour rencontrer d’autres familles touchées par un lymphome.
  • Consultations d’annonce en médecine hématologique du CHPC (Cherbourg) : possibilité de venir avec un proche pour poser toutes les questions, relire les informations avec un soignant formé.
  • Soutien psychologique individuel proposé gratuitement pour les patients et leurs familles tout au long du parcours.
  • Actions d’information dans les collèges et lycées sur les cancers touchant les adolescents, organisées chaque année (Mars Bleu, Septembre en Or).
  • Des ateliers bien-être, sophrologie, activité physique adaptée animés dans le Cotentin pour aider à mieux vivre les traitements.

Toutes ces ressources sont généralement coordonnées par les équipes hospitalières ou les associations locales comme La Ligue ou l’ASPEC (Association des patients en cancérologie du Cotentin).

À retenir pour avancer ensemble

Savoir repérer la différence entre un lymphome hodgkinien et un lymphome non hodgkinien permet d’aborder la maladie avec des repères plus précis. Les deux types de lymphomes partagent des points communs, notamment dans les symptômes et les étapes du diagnostic, mais se différencient nettement par leur biologie, l’âge des personnes concernées, la diversité très importante des lymphomes non hodgkiniens, et leur pronostic. Aujourd’hui, les avancées thérapeutiques rendent le combat contre la plupart de ces lymphomes beaucoup plus positif qu’autrefois. Le soutien de l’entourage, l’accès facile à l’information et la capacité à poser ses questions aux soignants restent essentiels pour traverser ce moment difficile, dans le Cotentin comme partout ailleurs.

Sources :

  • INCa – Institut National du Cancer (https://www.e-cancer.fr/)
  • Ligue contre le cancer
  • Haute Autorité de Santé
  • SNFGE – Société Nationale Française de Gastro-Entérologie