Cancer de la prostate : comprendre son évolution et les risques à connaître

6 septembre 2025

Pourquoi s'intéresser au cancer de la prostate ?

Le cancer de la prostate est aujourd’hui le cancer le plus fréquent chez l’homme en France, avec plus de 50 000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année selon Santé publique France. Son évolution, bien que souvent lente, peut être très différente d’une personne à l’autre. L’anticiper, comprendre ses mécanismes et repérer les facteurs de risque permettent une meilleure prévention et un accompagnement plus serein pour les hommes concernés et leurs proches.

Cet article a pour but d’aider chacun à mieux cerner ce cancer si répandu, de l’apparition des premières cellules cancéreuses jusqu’aux différents stades de la maladie, tout en éclairant les grands facteurs qui en favorisent l’apparition.

La prostate et son rôle : une petite glande, un enjeu majeur après 50 ans

La prostate est une petite glande, d’environ la taille d’une noix, située juste sous la vessie, autour de l'urètre. Elle intervient dans la fabrication du liquide séminal, qui nourrit et transporte les spermatozoïdes.

Avec l’âge, la prostate peut grossir (on parle alors d’hypertrophie bénigne), ce qui est très courant après 50 ans et n’a rien à voir avec le cancer. Cependant, certaines cellules de la prostate peuvent un jour devenir « folles », c’est-à-dire perdre leur contrôle de multiplication. C’est le début potentiel d’un cancer.

Comment se développe le cancer de la prostate ?

  • Croissance souvent silencieuse : Dans 80% des cas, le cancer de la prostate évolue lentement, parfois sur dix ou vingt ans. Beaucoup d’hommes âgés vivront avec sans jamais en souffrir. Mais certains cancers, plus agressifs, peuvent progresser vite et s’étendre à d’autres parties du corps.
  • L’évolution en plusieurs étapes :
    • Phase localisée : Le cancer est uniquement dans la prostate. Aucun symptôme ne se fait sentir, ou alors de petits troubles urinaires (envies pressantes, jet moins puissant).
    • Phase localement avancée : La tumeur gagne les tissus voisins, comme les vésicules séminales ou la capsule qui entoure la prostate. À ce stade, les symptômes peuvent devenir plus gênants.
    • Phase métastatique : Le cancer passe dans la circulation sanguine ou lymphatique pour atteindre d’autres organes, le plus souvent les os, le foie ou les poumons. C’est le stade le plus grave, mais il représente moins de 10 % des diagnostics au moment de leur découverte (INCa).

Classification et gradation du cancer de la prostate

Les médecins s’appuient sur plusieurs outils pour évaluer l’évolution du cancer et ses risques :

  • Le score de Gleason : Il mesure l’aspect des cellules au microscope. Plus le score est élevé (jusqu’à 10), plus le cancer est agressif.
  • Le taux de PSA (antigène prostatique spécifique) : Une substance produite par la prostate, dosée dans le sang. Un PSA élevé incitera à surveiller ou à explorer plus avant, mais il n'est pas spécifique à 100 % du cancer (un taux élevé peut aussi provenir d’une infection ou d’une simple hypertrophie bénigne).
  • L’imagerie et la biopsie : Des examens comme l’IRM ou les biopsies permettent de localiser et de caractériser la tumeur.

Grâce à ces outils, il est possible de distinguer les cancers de la prostate à très faible risque, dont la surveillance simple est souvent suffisante, et les formes plus menaçantes nécessitant des traitements actifs (chirurgie, radiothérapie, etc.).

Quels sont les facteurs de risque du cancer de la prostate ?

Même si la science n’a pas encore élucidé tous les mystères de ce cancer, plusieurs éléments sont clairement identifiés comme favorisant sa survenue.

L’âge : le facteur le plus déterminant

  • Le risque augmente nettement avec l’âge : plus de 75% des diagnostics sont posés après 65 ans. En France, l’âge moyen au moment du diagnostic est de 69 ans (source : Fondation Arc).

Les antécédents familiaux et la génétique

  • Avoir un père ou un frère atteint double quasiment le risque de développer la maladie.
  • Selon la Ligue contre le cancer, environ 10% des cas seraient liés à une prédisposition héréditaire.
  • Certains gènes, comme BRCA2 (déjà connu dans le cancer du sein), augmentent de façon significative le risque.

L’origine ethnique

  • Les hommes d’origine africaine ou antillaise présentent un risque supérieur et développent le cancer souvent plus tôt et sous des formes plus agressives, sans que l’on ait à ce jour toutes les explications (source : INCa).

D’autres facteurs suspects : alimentation, mode de vie et environnement

  • L’alimentation riche en graisses animales (surtout viande rouge et produits laitiers gras) est régulièrement citée comme un facteur favorisant, même si la preuve absolue manque toujours.
  • Surpoids et obésité : plusieurs études indiquent que l’obésité accroît le risque de formes graves ou évoluées du cancer (source : Institut national du cancer).
  • Tabac et alcool : leur impact précis reste discuté, mais ils aggravent les risques de complications, surtout si une maladie est déjà présente.
  • Exposition professionnelle à certains pesticides ou aux cadmiums (industrie, soudage) multiplierait par deux à trois le risque, d’après l’Anses (agence nationale de sécurité sanitaire).
  • Activité physique : elle aurait plutôt un effet protecteur, notamment contre les formes agressives.

Peut-on prévenir le cancer de la prostate ?

Plusieurs facteurs sont malheureusement hors de portée, comme l’âge ou le patrimoine génétique. Toutefois, certaines habitudes sont à encourager :

  • Adopter une alimentation variée et limiter les excès de graisses animales ;
  • Pratiquer une activité physique régulière (au moins 30 minutes par jour, selon l’OMS) ;
  • Garder un poids stable ;
  • Éviter les expositions professionnelles à risque ;
  • Limiter la consommation d’alcool et de tabac.

La prévention active passe également par la vigilance : se faire suivre régulièrement à partir de 50 ans (45 ans en cas d’antécédents familiaux importants), signaler tout symptôme inhabituel à son médecin traitant, et ne pas hésiter à parler des antécédents familiaux lors des consultations.

Quand et comment dépister la maladie ?

Le dépistage systématique du cancer de la prostate n’est pas recommandé en France pour l’ensemble de la population masculine. La Haute Autorité de Santé (HAS) le réserve à certaines situations dites « à risque », en discussion avec son médecin :

  • Toucher rectal et dosage du PSA : les deux examens de base, à refaire à intervalles réguliers en cas de suspicion.
  • IRM prostatique : de plus en plus utilisée pour affiner le diagnostic.
  • Biopsies : elles seules confirment le diagnostic, le cas échéant.

A noter : la décision de dépistage doit toujours tenir compte de l’âge, de l’état général et de l’avis du patient. Chez les hommes très âgés ou souffrant d’autres maladies graves, le dépistage ne sera pas pertinent.

Focus sur l’évolution des formes avancées

Lorsque le cancer de la prostate s’étend hors de la glande, il privilégie les os (notamment au niveau du bassin et de la colonne vertébrale). Les symptômes peuvent alors inclure des douleurs osseuses, une fatigue persistante, ou des signes liés à l'atteinte des organes voisins. L’évolution dépendra beaucoup de l’agressivité initiale du cancer, mais aussi de la rapidité de la prise en charge.

Aujourd’hui, les progrès sont notables dans la prise en charge de ces formes avancées : nouveaux traitements hormonaux, chimiothérapies plus ciblées, radiothérapie de précision, et accès précoce à des essais thérapeutiques. L’espérance de vie s’est nettement allongée ces dernières décennies pour les cancers avancés (source : Société Française d’Urologie).

Un accompagnement au quotidien pour des parcours différents

À chaque homme, son histoire et son rythme face au cancer. Certains vivront sans aucun symptôme, parfois jusqu’au bout de leur vie, tandis que d’autres nécessiteront une prise en charge précoce et adaptée. Ce qui fait la différence, c’est l’information, la qualité de la relation avec les professionnels de santé et la présence d’un accompagnement humain, que ce soit au sein de l’hôpital, dans les associations locales ou en proximité avec d’autres patients.

Au Cotentin comme ailleurs, de nombreuses structures peuvent aider à traverser le parcours. S’informer, s’entourer, garder espoir et avancer, même par petits pas, sont essentiels. La maladie n’a jamais le dernier mot.

  • Pour aller plus loin : Santé publique France, Ligue contre le cancer, INCa (Institut national du cancer), Fondation Arc, Société Française d’Urologie, HAS.