Comprendre la leucémie : signes, types et diagnostic expliqué simplement

6 octobre 2025

La leucémie, c’est quoi exactement ?

La leucémie fait partie des maladies que l’on range dans la grande famille des cancers du sang. Contrairement aux tumeurs solides que l’on peut toucher ou voir sur une radio, la leucémie prend naissance au cœur même de la moelle osseuse, cette fabrique du sang nichée au centre de nos os. Dans cette usine miniature, de nouvelles cellules sanguines, comme les globules rouges qui transportent l’oxygène, les globules blancs qui luttent contre les microbes, et les plaquettes qui arrêtent les saignements, sont produites chaque jour.

Mais l’équilibre peut se rompre. En cas de leucémie, certaines cellules sanguines (la plupart du temps des globules blancs encore immatures) commencent à se multiplier de façon anarchique. Elles envahissent la moelle et empêchent les cellules saines de bien se développer. Résultat : la fabrique du sang s’engorge de cellules inefficaces, ce qui entraîne différents symptômes et une baisse des défenses immunitaires.

Distinguer les différents types de leucémies

On parle souvent de “la leucémie” alors qu’il existe en réalité plusieurs formes très différentes. On distingue principalement :

  • Leucémies aiguës : elles progressent rapidement et nécessitent un traitement urgent. Il s’agit de :
    • La leucémie aiguë lymphoblastique (LAL) : touche surtout les enfants et les jeunes adultes.
    • La leucémie aiguë myéloblastique (LAM) : concerne davantage les adultes et les personnes âgées.
  • Leucémies chroniques : leur évolution est lente, parfois découverte fortuitement lors d’une prise de sang de routine. Les deux principales sont :
    • La leucémie lymphoïde chronique (LLC) : la plus fréquente chez l’adulte de plus de 60 ans.
    • La leucémie myéloïde chronique (LMC) : rare chez l’enfant, cette forme concerne surtout les adultes d’âge moyen (médiane à 55 ans).

À l’échelle mondiale, la leucémie représente environ 2,4 % de tous les nouveaux cas de cancers diagnostiqués chaque année (IARC/OMS, 2022).

Qui est concerné ? Les chiffres clés

  • En France, près de 10 000 nouveaux cas de leucémie sont diagnostiqués chaque année (INCa).
  • La leucémie aiguë lymphoblastique (LAL) est la forme de cancer la plus fréquente chez l’enfant, avec environ 500 cas annuels chez les moins de 15 ans (Société Française de Pédiatrie).
  • Chez l’adulte, la leucémie myéloïde chronique (LMC) représente 15-20% des leucémies de l’adulte (HAS).

Aucune tranche d’âge n’est totalement protégée. Les leucémies aiguës touchent souvent les plus jeunes et les personnes âgées, tandis que les leucémies chroniques apparaissent plutôt après 60 ans. Hommes et femmes peuvent être concernés, même si, selon les formes, les hommes sont parfois un peu plus touchés.

Quels sont les signes qui doivent alerter ?

La leucémie ne se manifeste pas toujours de la même façon. Certains patients ressentent rapidement un malaise, d’autres vivent plusieurs semaines ou mois sans symptôme, surtout dans les formes chroniques. Pourtant, il existe plusieurs signaux d’alerte à ne pas sous-estimer :

  • Fatigue persistante, parfois brutale et inexpliquée
  • Pâleur inhabituelle ou teint très clair
  • Petites infections qui reviennent souvent ou mettent du temps à guérir (mal de gorge, température prolongée, abcès, etc.)
  • Bleus ou petites taches rouges sur la peau (pétéchies), saignements de nez ou des gencives, hématomes sans coup
  • Douleurs osseuses, articulaires ou sensations de lourdeur au niveau de l’abdomen (en raison d’une rate ou d’un foie augmentés de volume)
  • Perte de poids inexpliquée, sueurs nocturnes abondantes

Ces symptômes sont dus au déficit en cellules saines et à la présence de cellules anormales. Mais il est important de rappeler qu’ils ne sont pas spécifiques à la leucémie et peuvent apparaître dans d’autres maladies bénignes (infections virales, manque de fer…). C’est la persistance ou l’accumulation de ces signes qui doit amener à consulter.

Le parcours du diagnostic : étape par étape

Le diagnostic de la leucémie repose sur un ensemble d’examens complémentaires. L’objectif : poser un nom précis sur la maladie, en comprendre le type et en évaluer l’ampleur, pour proposer le traitement le mieux adapté.

1. L’interrogatoire et l’examen clinique

Tout commence souvent par une simple consultation : le médecin interroge sur les symptômes, la durée, l’intensité, les antécédents familiaux, puis examine la peau, les ganglions, la rate, le foie…

2. La prise de sang (NFS : numération formule sanguine)

La première étape clé est la numération formule sanguine, ou NFS, un examen de sang courant. Cette analyse permet de mesurer la quantité et la qualité des cellules sanguines :

  • Les globules blancs (leucocytes)
  • Les globules rouges (érythrocytes)
  • Les plaquettes (thrombocytes)

En cas de leucémie, on observe bien souvent :

  • Une augmentation importante de globules blancs (hyperleucocytose) ou, au contraire, une baisse (leucopénie)
  • Une baisse des globules rouges (anémie)
  • Une diminution des plaquettes (thrombopénie)
  • La présence de cellules anormales (« blastes ») qui, à l’état normal, ne circulent pas dans le sang

Selon l’HAS, la simple observation de blastes dans le sang est déjà un signe majeur qui doit faire évoquer une leucémie et justifier des examens plus poussés.

3. La ponction de moelle osseuse (myélogramme)

Le diagnostic ne peut être posé avec certitude qu’après l'analyse directe de la moelle osseuse. Lors d’un myélogramme, pratiqué sous anesthésie locale (souvent au niveau du sternum ou du bassin), un fin prélèvement de moelle est réalisé. Il permet :

  • D’identifier la nature des cellules présentes
  • D’évaluer la proportion de cellules anormales

Ce geste, impressionnant à l’annonce, est en pratique bien encadré et généralement rapide (< 20 minutes).

4. Examens complémentaires

Après l’identification des cellules anormales, d’autres analyses peuvent être nécessaires :

  • Immunophénotypage : pour déterminer le type exact de cellule touché (lymphoïde, myéloïde…)
  • Examens génétiques et moléculaires : pour repérer d’éventuelles anomalies des chromosomes ou des gènes (par exemple, la translocation Philadelphia dans la LMC)
  • Imagerie : radiographie, échographie ou scanner pour vérifier l’état des organes (rate, foie, ganglions…) et guider la prise en charge
  • Analyse du liquide céphalo-rachidien (ponction lombaire) dans certains cas, surtout pour les leucémies aiguës chez l’enfant

Pourquoi le diagnostic peut-il être long ou complexe ?

La leucémie est souvent qualifiée de « maladie aux cent visages ». Les symptômes initiaux sont parfois trompeurs, ce qui explique des retards diagnostiques par rapport à d’autres cancers plus faciles à détecter (Ligue contre le Cancer). Par ailleurs, certaines formes chroniques évoluent très lentement, passant parfois des mois sans nécessiter de traitement. Enfin, chaque leucémie est différente selon les anomalies génétiques en jeu, rendant indispensable un travail d’identification précis pour proposer les traitements les plus ciblés et les plus efficaces.

Vivre avec une leucémie : premiers repères

  • L’annonce du diagnostic reste un moment bouleversant. S’entourer d’une équipe à l’écoute et bien informée aide beaucoup à trouver des repères dès les premiers instants.
  • Informez vos proches : car comprendre ce qui se passe permet souvent de mieux supporter l’inquiétude et les interrogations de l’entourage.
  • Des associations locales (comme la Ligue contre le Cancer ou les groupes d’accompagnement du Cotentin) proposent écoute, conseils, accompagnement juridique et administratif, ainsi que des moments d’échanges entre patients.
  • Des progrès constants : Aujourd’hui, plus de 80 % des enfants atteints de LAL sont en rémission longue, et de nombreuses leucémies chroniques peuvent être contrôlées sur le long terme grâce aux thérapies ciblées (Inserm).

Aborder sans tabou la maladie, se donner le droit de poser toutes ses questions et connaître l’existence de relais locaux sont autant de ressources pour faire face, pas à pas, au défi de la leucémie.

Des ressources pour les habitants du Cotentin

  • Centre Hospitalier Public du Cotentin (CHPC, Cherbourg) : consultations spécialisées en hématologie et oncologie, accompagnement psychologique, assistantes sociales pour les démarches et un service d’oncologie pédiatrique reconnu.
  • Ligue contre le Cancer (Comité de la Manche) : ateliers d’information, soutien moral, aide au retour à domicile
  • Associations d’entraide : “La Parenthèse”, “Cotentin Cancer Solidarité” : groupes de paroles, conseils administratifs, café-rencontres.
  • Psychologues de la Maison des Usagers : pour parler de ses doutes ou de son anxiété face à la maladie, pour les patients comme pour leur entourage.

Envisager la suite : avancer informé et entouré

La leucémie, bien que complexe, n’est pas une fatalité. Parmi les pathologies cancéreuses, elle est aujourd’hui l’une de celles qui bénéficie des plus grands progrès, tant dans les diagnostics précoces que dans les traitements personnalisés. Prendre conscience des symptômes, consulter sans attendre si besoin, s’appuyer sur une équipe médicale compétente et ne pas rester seul sont des repères essentiels. Dans le Cotentin et ailleurs, la solidarité et l’information restent des alliées précieuses pour aborder chaque étape, l’une après l’autre, avec plus de clarté et de force.

Pour toute question ou accompagnement, n’hésitez pas à solliciter les ressources du territoire, à contacter votre médecin traitant, ou à consulter les sites officiels.