Comprendre les grands types de cancer : comment les reconnaître et bien les distinguer

26 août 2025

Pourquoi existe-t-il autant de cancers différents ?

Un cancer, c'est avant tout une maladie d’une cellule qui se met à se multiplier de façon anarchique, et qui finit par former une grosseur qu’on appelle une tumeur. Selon l’endroit du corps où débute cette prolifération, le nom du cancer et sa gravité peuvent être très différents. Ainsi, un « cancer » du sein ou un « cancer » du poumon n’ont pas grand-chose à voir, sinon le fait qu'ils proviennent d’un dysfonctionnement de nos cellules. La manière dont les cellules « déraillent », leur vitesse de croissance, leur capacité à donner des métastases, et leur réaction aux traitements varient selon le type de tissu touché et l’organe d’origine.

  • Carcinomes : ils naissent dans les tissus qui recouvrent les organes (la peau, le sein, la prostate, l’appareil digestif...). Ils regroupent près de 90% des cancers.
  • Sarcomes : issus des tissus « soutiens » du corps (os, muscles, cartilage, tissu adipeux...). Rares, ils touchent davantage les enfants et les jeunes adultes.
  • Lymphomes et leucémies : ils proviennent des cellules du sang ou du système immunitaire.
  • Cancers du système nerveux : ils se développent au niveau du cerveau ou de la moelle épinière (gliomes, méningiomes...)

Les cancers les plus fréquents en France et leurs particularités

En 2023, près de 433 000 nouveaux cas de cancer ont été diagnostiqués en France selon Santé publique France. Certains cancers représentent une part majeure de ces nouveaux cas, avec des profils bien différents selon l’âge et le sexe.

Type de cancer Nouveaux cas (2023, France) Spécificités
Cancer du sein ~61 200 Principalement chez les femmes, fréquent dès 50 ans. Diagnostics souvent précoces grâce au dépistage. Taux de survie à 5 ans : environ 87% (source : INCa 2023).
Cancer de la prostate ~58 100 Essentiellement masculin, rarement avant 50 ans. Évolution souvent lente mais surveillée étroitement.
Cancer du poumon ~52 800 Frappe hommes et femmes. Lié au tabac dans 80% des cas mais pas seulement.
Cancer colorectal ~47 600 Apparaît souvent après 50 ans. Le dépistage améliore le pronostic.
Cancer de la vessie ~13 000 Tabac, exposition professionnelle. Plus fréquent chez les hommes.

(Données Santé Publique France et INCa : Institut National du Cancer 2023)

Zoom sur les « carcinomes » : à chaque organe, ses particularités

La grande majorité des cancers sont des « carcinomes ». Ils touchent principalement les :

  • Seins (majoritaires chez la femme, encore très rares chez l’homme mais possibles)
  • Prostate
  • Poumons
  • Côlon et rectum
  • Peau (carcinome basocellulaire, épidermoïde, et mélanome, ce dernier étant le plus à risque de métastases)

Différencier les types de cancer du sein

  • Carcinome canalaire : naît dans les canaux galactophores. Le plus fréquent (environ 80%).
  • Carcinome lobulaire : débute dans les lobules où est produit le lait. Diffusion parfois insidieuse.
  • Variantes rares : carcinome médullaire, mucineux, tubulaire, etc., à pronostic variable.

Côté symptômes, une boule dans le sein et/ou le creux de l’aisselle, modification de la peau ou du mamelon… Mais il existe aussi des cancers du sein sans masse palpable, d’où l’importance des mammographies de dépistage dès 50 ans, ou avant si risque familial élevé.

Les cancers de la prostate : discrets mais importants à dépister

Rarement symptomatiques précocement, ils évoluent parfois très lentement. Un taux de PSA élevé (analyse sanguine) alerte souvent, puis la biopsie confirma le diagnostic. Certains cancers peuvent « attendre » sous surveillance active, d’autres exigent traitement (chirurgie, radiothérapie, hormonothérapie).

Cancers pulmonaires : deux grands sous-types à distinguer

  • Non à petites cellules : 85% des cas (adénocarcinome, carcinome épidermoïde...)
  • À petites cellules : plus rares mais souvent plus agressifs.

Essoufflement, toux persistante, douleur thoracique, et surtout apparition de sang dans les crachats doivent alerter. Des femmes non-fumeuses sont touchées de plus en plus que par le passé : l’exposition professionnelle et les polluants de l’air sont en cause.

Le cancer colorectal : une histoire de polypes

La plupart débutent à partir d’un polype bénin du côlon, qui se transforme lentement (environ 10 ans). Un test immunologique de dépistage régulier (tous les deux ans de 50 à 74 ans) permet de réduire radicalement les décès, pourtant, seule la moitié des Français se soumet à ce test (source : Santé publique France, 2023).

Sarcomes, lymphomes, leucémies : cancers plus rares mais importants

Les sarcomes, des cancers méconnus

Ils touchent les tissus mous ou le squelette. Représentent moins de 1% de tous les cancers, mais leur impact est fort chez les enfants/adolescents. Anecdote : le sarcome d’Ewing, découvert dans les années 1920, porte le nom de James Ewing, médecin new-yorkais qui a identifié cette forme particulière d’atteinte osseuse chez les jeunes.

Lymphomes : cancers du système immunitaire

  • Lymphome hodgkinien : plus fréquent chez les jeunes adultes, très bien soigné aujourd’hui (taux de survie supérieur à 85% à 5 ans).
  • Lymphomes non hodgkiniens : plus nombreux, spectre large (du très lent au très agressif). Ils se traduisent souvent par des ganglions indolores, persistant dans le temps, parfois accompagnés de sueurs et de fièvre nocturnes.

Les leucémies, cancers des cellules sanguines

Elles représentent environ 2% des cancers chaque année en France. Elles se différencient principalement par leur vitesse d’évolution (aiguës versus chroniques) et le type de globules blancs touchés.

  • Leucémie aiguë myéloïde (LAM) : urgence médicale, surtout chez l’adulte âgé.
  • Leucémie aiguë lymphoblastique (LAL) : touche surtout l’enfant.
  • Leucémies chroniques : peuvent parfois évoluer lentement sur plusieurs années, souvent sans symptôme initial.

Signe d’alerte : saignements inhabituels, fatigue inexpliquée, infections à répétition.

Cancers du cerveau et du système nerveux : une catégorie à part

Ils sont différents par leur rareté (moins de 2% des cancers), leur impact neurologique et leur prise en charge. Les glioblastomes sont à évolution rapide, tandis que certains méningiomes peuvent rester non évolutifs très longtemps.

Comment différencier un cancer d’un autre ? Les signes qui orientent

  • La localisation des symptômes : une toux qui ne guérit pas = poumons. Saignements urinaires = vessie. Masse dans le sein = sein. Gonflement des ganglions = possible lymphome.
  • L’âge habituel au diagnostic : la plupart des cancers de l’adulte surviennent après 50 ans, tandis que les leucémies aiguës et certains sarcomes touchent souvent enfants et jeunes adultes.
  • Le contexte et les antécédents : antécédents familiaux de cancer du sein, facteurs de risques (tabac, alcool, exposition professionnelle, radiation...)
  • L’évolution : agressivité rapide versus lenteur évocatrice d’un cancer d’évolution indolente.

On ne « sent » pas toujours un cancer aux premiers stades, d’où l’intérêt des examens de dépistage recommandés par âge et par situation personnelle.

Pourquoi tant d’approches différentes dans le traitement selon le type de cancer ?

Chaque type de cancer a ses propres « faiblesses », ses schémas d’évolution, et ses réponses aux traitements. Par exemple :

  • Les cancers hormonodépendants (sein, prostate) peuvent être freinés par des traitements anti-hormonaux.
  • Certains cancers du sang (leucémies) nécessitent des chimiothérapies intensives, alors que certains lymphomes lents peuvent attendre sans traitement immédiat.
  • Les cancers du côlon profitent de la chirurgie, parfois complétée par la chimiothérapie.
  • La radiothérapie et l’immunothérapie s’adaptent selon la localisation et la biologie de la tumeur.

Des progrès essentiels proviennent du meilleur « profil » moléculaire de la tumeur (médecine personnalisée), permettant des traitements plus ciblés qu’il y a 20 ans (source : Institut Gustave Roussy, 2024).

Perspectives : des différences sources d’espoir

Chaque cancer a son histoire, ses facteurs de risques et ses spécificités, mais aussi un espoir qui progresse : en 20 ans, la survie à 5 ans tous cancers confondus est passée de 53% à 63% en France (donnée : Institut National du Cancer, 2024). Comprendre ces différences permet de mieux vivre l’annonce, d’anticiper les parcours, et d’orienter le dialogue avec l’équipe médicale. Enfin, si des doutes persistent, il ne faut jamais hésiter à solliciter une association, un soignant ou un professionnel de santé, que ce soit pour s’informer, être écouté ou orienté dans ses démarches.

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