Les premiers signes du cancer de l’estomac : comprendre, repérer, agir

21 septembre 2025

Qu’est-ce que le cancer de l’estomac ?

Le cancer de l’estomac, ou cancer gastrique, touche chaque année environ 6 500 personnes en France. Ce chiffre diminue ces dernières décennies, mais la maladie reste grave et parfois difficile à détecter à ses débuts (INCa).

L’estomac est un organe situé entre l’œsophage et l’intestin grêle. Sa mission ? Mélanger, digérer, préparer les aliments grâce aux sucs gastriques. Quand certaines cellules de la muqueuse gastrique deviennent anormales et se multiplient de façon désordonnée, une tumeur peut apparaître. Parfois, elle met du temps à provoquer des symptômes bien visibles.

Pourquoi les signes sont-ils trompeurs ?

Le cancer gastrique peut évoluer sans bruit. C’est la raison pour laquelle il est souvent diagnostiqué à un stade avancé. Beaucoup de symptômes ressemblent à ceux de troubles digestifs courants, comme une gastrite ou un ulcère. Beaucoup de personnes mettent ainsi sur le compte de la fatigue, du stress ou d’un repas copieux les premiers signes qui devraient alerter.

D’après une étude de la Ligue contre le cancer, 70% des patients ne consultent que tardivement, pensant que les troubles vont passer d’eux-mêmes ou par peur du diagnostic ("La prise en charge du cancer en France", Ligue contre le cancer, 2023). Savoir repérer les symptômes spécifiques permet d’agir plus tôt.

Quels sont les symptômes précoces à connaître ?

Le cancer de l’estomac débute rarement par des signes “spectaculaires”. Les premiers changements peuvent être insidieux :

  • Perte d’appétit ou sensation de satiété rapide : Vous commencez à manger et très vite, vous êtes “calé”, parfois sans avoir beaucoup mangé.
  • Perte de poids inexpliquée : Une perte de kilos sur plusieurs semaines ou mois, sans régime ni changement d’activité, peut alerter.
  • Fatigue persistante : Un manque d’énergie qui ne disparaît pas avec le repos mérite une attention particulière.
  • Douleurs ou inconforts à l’estomac : Les douleurs sont souvent mal localisées, parfois plus une gêne qu’une vraie douleur, surtout après les repas.
  • Digestions difficiles :
    • Sensation de ballonnement, brûlures gastriques (remontées acides)
    • Nausées, voire vomissements occasionnels

À ce stade, ces signes peuvent facilement être confondus avec une mauvaise digestion ou un trouble gastrique bénin. Mais leur persistance ou leur association doit conduire à consulter.

Quand faut-il vraiment s’inquiéter ? Les signes plus alarmants

Certains symptômes reflètent un cancer déjà avancé ou une tumeur qui prend de la place dans l’estomac :

  • Sang dans les vomissements ou les selles : Le sang peut apparaître rouge vif, ou teinter les selles de noir (méléna). Ce symptôme est rare mais grave : il impose une consultation rapide.
  • Difficulté à avaler (dysphagie) : Cela se produit si la tumeur bloque partiellement le passage entre l’œsophage et l’estomac.
  • Douleurs gastriques intenses et inhabituelles : Persistantes, elles ne cèdent ni aux médicaments classiques ni à l’alimentation.
  • Palpation d’une masse sous les côtes ou d’un ganglion au-dessus de la clavicule : Ce signe est rare, mais doit amener à consulter son médecin.

Aucun de ces symptômes pris seul ne signifie forcément un cancer, mais leur association avec une fatigue durable, une perte de poids et des troubles digestifs anormaux doit pousser à demander un avis médical.

Pourquoi certains symptômes peuvent différer selon les personnes ?

Le cancer gastrique touche surtout les personnes âgées de plus de 65 ans (âge moyen au diagnostic : 72 ans selon l’INCa), mais il peut survenir avant, notamment en cas de prédisposition familiale ou de facteurs de risque cumulés (tabagisme, alimentation riche en sel ou conserves, antécédents d’infection à ). Les symptômes sont parfois différents chez :

  • Les personnes âgées : Quelques troubles digestifs, une perte d’appétit, une petite baisse d’énergie… Autant de signes qui peuvent, à tort, être mis sur le compte de l’âge.
  • Les femmes : Elles consultent souvent plus tôt pour des troubles digestifs, mais le cancer gastrique reste plus fréquent chez l’homme. Cependant, les études montrent qu’en France la proportion féminine augmente légèrement ces dernières années (Statistique-locale.fr).

Psychologie et vécu : quand l’angoisse prend le dessus sur les symptômes

Au-delà des signes physiques, beaucoup de patients témoignent de sentiments d’inquiétude ou d’incompréhension : “Pourquoi je ne parviens plus à manger comme avant ?”, “Est-ce que ma fatigue cache quelque chose de grave ?” Parfois, l’anxiété précède le diagnostic, d’autant que le cancer de l’estomac est vécu comme une maladie silencieuse et stigmatisante.

Accompagner les patients et leur entourage, c’est aussi entendre ces doutes et rappeler que poser des questions à son médecin, même pour des symptômes jugés “banals”, est légitime. Parler, c’est aussi prévenir l’isolement et éviter que la maladie ne progresse en silence.

Quels examens pour confirmer le diagnostic ?

Face à des signes qui persistent, le médecin propose généralement :

  1. Une endoscopie digestive haute : On introduit un tube souple muni d’une caméra par la bouche pour explorer l’estomac. C’est l’examen de référence. Il permet aussi de faire des prélèvements (biopsies).
  2. Des examens d’imagerie :
    • Scanner abdominal ou IRM pour visualiser la taille de la tumeur et son extension.
    • Échographie quand une métastase du foie ou une adénopathie (ganglion anormal) est suspectée.

Le délai entre les premiers symptômes et le diagnostic reste aujourd’hui l’un des principaux enjeux. Un diagnostic précoce augmente significativement les chances de guérison : le taux de survie à 5 ans atteint 65% lorsque la tumeur est localisée et opérable, contre moins de 10% pour les stades métastasés (source : Fondation ARC).

Pourquoi est-il important de consulter tôt, même en l’absence de “gros” symptômes ?

  • Confirmer ou écarter un diagnostic : De nombreux troubles digestifs sont bénins, mais mieux vaut prévenir que guérir, surtout si les “petits maux” traînent.
  • Rechercher une infection à Helicobacter pylori : Cette bactérie est responsable de 60% des cancers de l’estomac. Elle se traite facilement si elle est dépistée tôt.
  • Bénéficier d’une prise en charge adaptée : En région Cotentin, la filière gastro-entérologie-oncologie du Centre Hospitalier de Cherbourg permet un avis rapide et des solutions locales adaptées.

Quelques chiffres pour mieux comprendre la réalité locale

  • Le cancer gastrique représente moins de 3 % de l’ensemble des cancers en France (INCa, 2022).
  • Dans la Manche, l’incidence est estimée à 4 nouveaux cas pour 100 000 habitants chaque année (Santé Publique France), mais le diagnostic est plus précoce qu’ailleurs dans près de 25% des cas grâce à des collaborations entre ville et hôpital.
  • Près d’1 patient sur 5 a bénéficié d’un accompagnement diététique ou psychologique dans la région de Cherbourg depuis 2020 (données ARS Normandie).

Conseils concrets : quand aller voir son médecin ?

  • Si vous constatez une perte d’appétit, une sensation de satiété inhabituelle ou une perte de poids non expliquée qui perdurent plus de trois semaines.
  • Si des douleurs à l’estomac, des nausées, des brûlures ou des ballonnements vous semblent inhabituels ou chroniques.
  • Si vous avez des antécédents familiaux de cancers digestifs ou des troubles digestifs persistants associés à ces facteurs de risque.
  • En cas de sang dans les selles, de vomissements sanglants ou de douleurs aiguës, il faut consulter sans délai.

Et après ? L’importance de l’accompagnement local et du réseau

Le diagnostic de cancer de l’estomac bouleverse le quotidien. Ici dans le Cotentin, des associations, des diététiciennes, des psychologues et des soignants sont mobilisés pour accompagner patients et proches : ateliers alimentation, groupes de parole, entretiens individuels… Il n’y a jamais de question “bête” ni de situation banale. Rejoindre un collectif local, discuter avec d’autres, c’est prendre soin aussi de son moral.

N’attendez pas que les symptômes s’installent. Oser parler, poser des questions et s’informer, c’est agir pour sa santé ou celle de ses proches. Le cancer de l’estomac n’est pas une fatalité : plus le diagnostic est précoce, plus les chances de guérison sont grandes et le quotidien préservé.

Sources et pour aller plus loin :