Reconnaître les signes du cancer colorectal : s’informer pour agir plus tôt

11 septembre 2025

Pourquoi parler des symptômes du cancer colorectal ?

Il n’est pas toujours évident de s’alerter devant certains maux digestifs. Les douleurs de ventre, la fatigue ou les ballonnements font parfois partie du quotidien. Pourtant, le cancer colorectal est appelé « le cancer silencieux » car, au début, il ne provoque souvent aucun symptôme clair (Ligue contre le cancer). Dans d’autres cas, les symptômes sont présents, mais discrets ou attribués à d’autres problèmes. Savoir quels signes surveiller permet d’agir sans attendre, car plus le diagnostic est précoce, plus les chances de guérison sont grandes. On estime que 94 % des malades diagnostiqués au tout début survivent au moins 5 ans (NHS - Royaume-Uni).

Quels symptômes doivent attirer l’attention ?

Tous les signes ne sont pas spécifiques du cancer colorectal. Mais certains alertent, surtout s’ils persistent plus de quelques semaines. Voici les principaux symptômes à surveiller :

  • Sang dans les selles (même en petite quantité)
  • Modification inhabituelle du transit intestinal : diarrhée ou constipation persistante, sans cause évidente
  • Sensation d’évacuation incomplète : impression que le rectum n’est pas complètement vidé
  • Douleurs abdominales inhabituelles : crampes récurrentes, sensation de gêne
  • Perte de poids inexpliquée : amaigrissement rapide sans changer ses habitudes de vie
  • Fatigue persistante : grande lassitude, parfois liée à une anémie cachée

Le sang dans les selles : à ne jamais banaliser

La présence de sang dans les selles est l’un des signes les plus marquants. Pourtant, il est fréquent d’associer ce symptôme à des hémorroïdes ou à une petite irritation. Le sang peut apparaître sous différentes formes :

  • Rouge vif : souvent lié au bas du rectum ou à l’anus
  • Rouge foncé ou noirâtre : peut traduire un saignement plus haut dans le côlon, le sang ayant eu le temps d’être digéré

Il arrive que le sang soit invisible à l’œil nu (on parle de « sang occulte »). Cela justifie le test de dépistage proposé dès 50 ans, appelé test immunologique (Source : Santé Publique France).

Attention : Les hémorroïdes sont fréquentes mais un médecin doit confirmer qu’il ne s’agit de rien de plus grave, surtout si le saignement est inhabituel ou durable.

Changements de rythme du transit intestinal

Le côlon est « l’horloge » du transit. Quand il se dérègle de façon inhabituelle, cela doit interpeller :

  • Diarrhée qui s’installe sans cause (médicament, infection, régime alimentaire…)
  • Constipation nouvelle, durable, qui ne cède pas aux traitements classiques
  • Alternance de diarrhée et de constipation

Si ces symptômes s’observent plus de deux semaines chez une personne normalement bien réglée, il est conseillé de consulter. Ces changements peuvent être liés à une tumeur qui gêne le passage des selles.

Sensations d’inconfort et douleurs abdominales

Certaines douleurs sont assez diffuses : crampes, inconfort qui s’éternise, ballonnements inhabituels, parfois traces de gaz ou d’épisodes de colique. Ce n’est souvent pas très intense, parfois juste gênant, mais sur le long terme, cela doit alerter. L’apparition d’une masse ou d’un gonflement anormal au ventre peut aussi être un signe à ne pas négliger.

Fatigue et perte de poids : des signaux parfois tardifs

La grande fatigue est un symptôme qui accompagne souvent les maladies chroniques. Dans le cadre du cancer colorectal, cette lassitude peut s’expliquer par une perte de sang lente mais régulière (anémie ferriprive). Résultat : on se sent essoufflé, on manque de force, le cœur bat plus vite à l’effort.

La perte de poids sans explication nette (régime, activité physique nouvelle, événement stressant) doit aussi inquiéter, surtout si elle s’associe à d’autres symptômes digestifs. On estime qu’environ 20 % des patients présentent une perte de poids au moment du diagnostic (Source : Société Nationale Française de Gastro-entérologie).

Symptômes « atypiques » : quand le cancer se manifeste autrement

Certains malades découvrent leur cancer en raison de symptômes moins typiques :

  • Occlusion intestinale : le côlon est bouché, provoquant des douleurs intenses, absence totale de selles et de gaz, vomissements
  • Saignement important et soudain qui peut nécessiter une hospitalisation en urgence
  • Phlébite ou embolie pulmonaire : dans de rares cas, un cancer du côlon peut être découvert fortuitement lors d’un bilan pour ces troubles veineux

Facteurs de risque favorisant la vigilance

Certains profils doivent être particulièrement attentifs aux symptômes évoqués. Le risque de cancer colorectal augmente :

  • Après 50 ans (8 cas sur 10 sont diagnostiqués après cet âge)
  • Si un membre proche de la famille a déjà eu ce type de cancer
  • En cas de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (rectocolite hémorragique, maladie de Crohn)
  • Chez les personnes ayant des polypes intestinaux
  • En présence d’antécédents personnels ou familiaux de certains cancers digestifs
  • En cas d’alimentation pauvre en fibres, de surpoids, de tabagisme ou de consommation régulière d’alcool

Le mode de vie joue un rôle important, mais même en ayant une hygiène de vie parfaite, le risque n’est jamais nul, d’où l’importance de surveiller les signaux de son corps (Source : Fondation ARC).

Comment réagir si un symptôme apparaît ?

  • Notez les symptômes observés (date de début, fréquence, intensité, autre signe associé…)
  • Ne tardez pas à en parler à votre médecin traitant, surtout si le trouble persiste au-delà de 2 à 3 semaines
  • Ne minimisez pas vos inquiétudes : il vaut toujours mieux consulter pour « rien » que de passer à côté d’un problème sérieux
  • Soyez particulièrement vigilant si vous appartenez à un groupe à risque
  • Si vous avez plus de 50 ans, réalisez le test de dépistage du cancer colorectal proposé gratuitement tous les deux ans par l’Assurance Maladie

Même si la majorité des symptômes digestifs ont d’autres causes que le cancer, seul un professionnel pourra faire la différence par un examen, et au besoin, des analyses complémentaires (prise de sang, coloscopie…).

Ce que disent les chiffres en France et dans le Cotentin

  • En France, le cancer colorectal est le 2 cancer le plus meurtrier, mais aussi l’un de ceux que l’on peut le mieux prévenir (INCa).
  • Dans la Manche, près de 300 nouveaux cas sont recensés chaque année (Registre Seine-Maritime / CRCDC Normandie).
  • Le taux de participation au dépistage reste faible : 33 % seulement en France — bien loin des 45 % recommandés par l’Europe (Assurance Maladie).

S’informer et parler des symptômes autour de soi, c’est contribuer à sauver des vies dans le Cotentin et au-delà.

Différents symptômes, une seule démarche : ne jamais rester seul face au doute

Le cancer colorectal se manifeste souvent discrètement, d’où l’importance de surveiller les petits signes et de les prendre au sérieux, surtout s’ils persistent ou apparaissent sans raison claire. Se renseigner, s’écouter, et parler rapidement de tout trouble à son médecin, c’est s’offrir la meilleure chance. N’oublions pas : même si ces symptômes sont parfois le signe d’autres maladies (hémorroïdes, syndrome de l’intestin irritable…), la prudence reste la meilleure alliée pour sa santé.

Dans le Cotentin, des professionnels et associations sont à vos côtés à chaque étape, de l’écoute à l’accompagnement, en passant par le dépistage. N’hésitez pas à consulter votre médecin traitant ou les permanences locales d’accompagnement en cancérologie. À chacun son chemin, mais toujours avec le soutien des autres.

Pour aller plus loin :