Comprendre les facteurs de risque du cancer : les clés pour agir et se protéger

24 octobre 2025

Pourquoi parler des facteurs de risque du cancer ?

Le cancer fait partie des maladies les plus redoutées, et pour cause : en France, près de 400 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année (source : Santé publique France). Mais ce que l’on sait moins, c’est qu’une part importante des cancers pourrait être évitée. Les chercheurs estiment que plus de 40 % des cas découleraient de risques évitables, liés à notre mode de vie ou à l’environnement dans lequel nous vivons (source : Institut national du cancer). Comprendre ces facteurs de risque, c’est se donner la chance d'agir pour sa santé, à chaque étape de la vie.

Qu’est-ce qu’un facteur de risque ?

Un facteur de risque, c’est ce qui accroît la probabilité de voir apparaître une maladie – ici, le cancer. Aucun facteur de risque ne garantit qu’un cancer va se développer, mais leur accumulation augmente le danger. Ces facteurs peuvent être :

  • Modifiables (liés à des habitudes ou à l’environnement)
  • Non modifiables (âge, hérédité, prédispositions génétiques)

La bonne nouvelle ? Beaucoup de facteurs sont sur lesquels on peut agir, soit en les évitant, soit en les diminuant.

Les grands types de facteurs de risque du cancer

1. Les facteurs liés au mode de vie

  • Le tabac : C’est la première cause de cancer évitable en France. On estime que 20 % de tous les cancers sont liés au tabagisme, responsable non seulement du cancer du poumon (environ 80 % des cas selon l’INCa), mais aussi de ceux de la bouche, de la gorge, de la vessie, du rein ou du pancréas.
  • La consommation d’alcool : L’alcool est une substance cancérogène : il augmente le risque de cancer de la bouche, de la gorge, du foie, du sein ou du colon. Plus la consommation est élevée, plus le risque augmente. Un chiffre marquant : en France, l’alcool est impliqué dans plus de 41 000 nouveaux cas de cancer par an (source : Santé publique France, 2021).
  • L’alimentation : Une alimentation trop riche en viandes rouges et charcuteries, ou pauvre en fibres, favorise notamment le cancer colorectal. À l’inverse, une alimentation variée, riche en fruits et légumes, aide à prévenir certains cancers.
  • L’inactivité physique : Le manque d’activité physique est responsable, selon l’OMS, de 10 % des cancers du sein et du colon dans le monde. Bouger régulièrement, même sans faire de sport intensif, est bénéfique.
  • Le surpoids et l’obésité : Plus de 17 types de cancers sont associés à un excès de poids, dont ceux du sein (chez la femme ménopausée), du foie, de l’œsophage ou de l’utérus.

2. Les facteurs liés à l’environnement et au travail

  • Les expositions professionnelles : Certaines professions exposent à des substances cancérogènes : amiante (longtemps utilisé dans le bâtiment), goudron, poussières de bois, solvants, etc. En France, environ 12 000 cas de cancers professionnels seraient identifiés chaque année (source : Santé publique France, 2023).
  • La pollution de l’air : L’air que nous respirons, en particulier en milieu urbain et proche de sites industriels, contient des particules fines cancérogènes (comme les particules PM2.5). Selon l’OMS, la pollution de l’air extérieur est responsable de 15 % des cancers du poumon dans le monde.
  • Les rayonnements : L’exposition aux rayonnements ionisants (ex : radiothérapie, rayons X, radon qui s’accumule dans certaines habitations) peut contribuer au risque de cancer. Le radon, gaz naturel présent dans les sols granitiques, est la deuxième cause de cancer du poumon après le tabac en France (source : IRSN).
  • Les pesticides et perturbateurs endocriniens : Certaines substances utilisées en agriculture ou dans l’industrie sont suspectées d’augmenter le risque de certains cancers, même si le lien n’est pas toujours formellement établi. Prudence et information sont de mise.

3. Les facteurs liés à l’âge, l’hérédité et la génétique

  • L’âge : Le risque de cancer augmente naturellement avec l’âge. Plus de 60 % des cancers surviennent après 65 ans (source : INCa).
  • Les antécédents familiaux : Certaines familles connaissent plus de cancers que la moyenne : un gène défectueux hérité (ex : BRCA1 et BRCA2 dans les cancers du sein et de l’ovaire) peut en être la cause. Cependant, ce risque concerne seulement 5 à 10 % des cancers (source : Ligue contre le cancer).
  • Les syndromes génétiques rares : Des mutations génétiques peuvent prédisposer à certains cancers, souvent dès le plus jeune âge. L’identification de ces syndromes permet une surveillance adaptée.

4. Les infections et agents biologiques

  • Les virus : Certains virus, comme les papillomavirus humains (HPV), sont responsables de près de 100 % des cancers du col de l’utérus (source : Santé publique France). Le virus de l’hépatite B et C peut provoquer des cancers du foie.
  • Les bactéries : L’infection chronique par Helicobacter pylori est un facteur de risque majeur du cancer de l’estomac.

Ce que disent les chiffres : quelques repères marquants

  • 1 cancer sur 2 chez l’homme, 1 cancer sur 3 chez la femme pourrait être évité en changeant certaines habitudes de vie (source : INCa).
  • En Normandie, le taux de cancers du poumon est plus élevé qu’ailleurs en France, notamment à cause d’un passé industriel marqué et d'une forte prévalence du tabagisme.
  • Le retard au diagnostic augmente la gravité du pronostic : mieux vaut dépister tôt, surtout pour les cancers où des facteurs de risque sont identifiés.

Gènes, environnement et hasard : une interaction complexe

Souvent, on entend que « tout est génétique » ou à l’inverse « tout est environnemental ». La réalité est beaucoup plus subtile : la plupart des cancers résultent d’une combinaison de facteurs. Par exemple, une prédisposition héréditaire peut exister sans provoquer de cancer si l’environnement n’est pas défavorable, et inversement.

  • La majorité des cancers ne sont pas transmissibles : avoir eu un cancer dans la famille n’implique pas une fatalité, c’est un risque relatif !
  • Le « hasard » joue aussi un rôle : des mutations de l’ADN peuvent survenir pendant la vie, sans cause identifiée, mais on sait que les expositions (tabac, pollution, infections) en augmentent la probabilité.

Comment réduire son exposition ?

  • Ne pas fumer ou arrêter de fumer : Les bienfaits de l’arrêt du tabac sont rapides, à tout âge : après 5 ans, le risque de cancer du poumon diminue presque de moitié.
  • Limiter la consommation d’alcool : Plus la consommation est faible, plus le risque l’est aussi.
  • Adopter une alimentation équilibrée : Manger au minimum 5 fruits et légumes par jour, privilégier les aliments variés et limiter les charcuteries.
  • Bouger, chaque jour : Idéalement 30 minutes d’activité physique d’intensité modérée par jour.
  • Protéger sa peau du soleil : Utiliser chapeaux, vêtements, crème solaire, surtout chez l’enfant.
  • Se protéger des expositions professionnelles : Port de protections, information sur les substances toxiques, vigilance accrue sur les métiers à risque.
  • Dépistages adaptés à l’âge et aux risques : Prévoir les examens de dépistage permis par les dispositifs publics (cancer du sein, colorectal, col de l’utérus).
  • Vaccinations : Le vaccin contre le papillomavirus (HPV) est recommandé chez les jeunes gens, garçons comme filles, et celui contre l’hépatite B dans l’enfance.

Les idées reçues les plus fréquentes

  • « Le cancer est toujours héréditaire » : Faux ! Seule une petite minorité des cas (5 à 10 %) est liée à une anomalie génétique transmissible.
  • « Tout ce qu’on mange ou respire cause un cancer » : Ce n’est pas vrai. L’exposition répétée, sur des années, à des substances cancérogènes, est le vrai danger.
  • « On ne peut rien faire, c’est le destin » : Là encore, c’est faux. De nombreux gestes du quotidien permettent de baisser les risques.

Pistes pour aller plus loin : s’informer et agir ensemble

  • Des associations comme la Ligue contre le cancer offrent un accompagnement et des informations fiables (site officiel : https://www.ligue-cancer.net/).
  • De nombreux outils existent pour évaluer ses propres risques et recevoir des conseils personnalisés (ex : tests en ligne de l’INCa : https://www.e-cancer.fr/).
  • Participez à des ateliers santé, journées de prévention, ou demandez conseil à votre médecin, infirmier(ère) ou pharmacien : vous n’êtes jamais seul(e) dans cette démarche.

Gardons à l’esprit : chaque geste compte

Les facteurs de risque du cancer ne doivent pas être source d’angoisse, mais d’élan. Mieux connaître les risques, c’est se donner les moyens de vivre plus longtemps et en meilleure santé. Changer ses habitudes n’est jamais facile, mais même de petites actions répétées peuvent faire la différence au fil des années. Et rappelez-vous : lutter contre le cancer, ce n’est pas seulement une affaire individuelle, c’est l’affaire de toute une communauté.

Pour tout le Cotentin et bien au-delà, gardons cette dynamique collective, pour des vies plus saines et solidaires. Unis par le cœur, face au cancer.