La réponse est oui : même si le soleil reste la première cause, il existe des situations où le cancer de la peau survient sans exposition solaire importante. Plusieurs autres facteurs de risque peuvent intervenir.
Les sources artificielles d’UV
Avant d’explorer d’autres causes, rappelons que les cabines de bronzage, très en vogue il y a une dizaine d’années, exposent à des UV parfois plus puissants que ceux du soleil. Selon l’INCa (Institut National du Cancer), les utilisateurs de bancs solaires ont 1,6 fois plus de risque de développer un mélanome que la population générale.
Certaines maladies génétiques
Des maladies rares comme le xéroderma pigmentosum, qui touche environ 1 personne sur un million dans le monde, rendent la peau ultra-sensible à la moindre dose d’UV : chez ces personnes, les cancers de la peau peuvent survenir très tôt, même sans grande exposition au soleil.
Mais certaines autres maladies génétiques augmentent le risque de cancers cutanés indépendamment de l’exposition solaire :
- Syndrome de Gorlin : augmente la survenue de carcinomes basocellulaires dès le plus jeune âge.
- Syndrome de Li-Fraumeni : prédispose à de nombreux cancers, dont ceux de la peau.
L’immunosuppression : un terrain à risque
Après une greffe d’organe, les traitements pour éviter le rejet (immunosuppresseurs) augmentent de 65 à 250 fois le risque de développer un carcinome épidermoïde (source : La Revue du Praticien, 2022). Chez ces patients, même des doses minimes d’UV peuvent provoquer le cancer, mais dans certains cas, des cancers cutanés apparaissent sur des zones habituellement peu exposées.
Les personnes traitées pour des maladies auto-immunes, des cancers, ou vivant avec le VIH/SIDA se retrouvent parfois concernées par cette fragilité accrue.
Cancers de la peau sur cicatrices ou lésions anciennes
Il existe un phénomène appelé “ulcère de Marjolin” : il s’agit d’un cancer cutané qui se développe dans une cicatrice de brûlure ancienne, parfois des décennies après l’accident. Cela peut aussi concerner des plaies chroniques ou des cicatrices de vaccination ou de varicelle infectées dans l’enfance, transformées bien plus tard.
Produits chimiques et cancers professionnels
Certains métiers exposent à des substances cancérogènes, responsables d’une minorité mais d’une part non négligeable de cancers de la peau non liés au soleil. Les ouvriers du goudron, du pétrole, du caoutchouc, ou en contact avec l’arsenic, ont montré un risque accru. Ces produits peuvent, au fil de contacts répétés, entraîner l’apparition de tumeurs sur la peau, souvent sur les zones exposées (mains, avant-bras).
D’après le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), l’arsenic utilisé dans certains anciens pesticides ou dans l’eau de puits de régions peu contrôlées reste un facteur de risque majeur dans le monde, même si en France cette exposition est devenue très rare.
L’âge : un facteur à ne pas négliger
Une donnée souvent ignorée : les cancers de la peau surviennent surtout avec l’âge. Plus de 75 % des carcinomes cutanés sont diagnostiqués après 60 ans. Même une exposition modérée au soleil durant la vie finit par s’accumuler dans la peau, mais il arrive que certains cancers touchent des zones couvertes presque en permanence, pourquoi ? Parce que l’ADN de nos cellules vieillit avec nous, ce qui suffit parfois à rendre une cellule anormale.
Cancers de la peau chez les personnes à la peau foncée ou noire
Les personnes à la peau noire ou foncée ont bien moins souvent de cancers de la peau en France métropolitaine. Toutefois, quand ces cancers surviennent, ils touchent souvent des endroits non exposés au soleil (paumes des mains, plantes des pieds, sous les ongles). Cela montre que le soleil n’explique pas tout.