Cancer de la peau et soleil : un lien incontournable… mais pas unique !

27 septembre 2025

Pourquoi le soleil est souvent pointé du doigt ?

Le lien entre exposition au soleil et cancer de la peau n’est plus à démontrer : c’est le principal facteur de risque, mais il n’est pas le seul. En France, chaque année, près de 100 000 nouveaux cas de cancers de la peau sont diagnostiqués, dont plus de 15 000 sont des mélanomes, la forme la plus agressive. D'après Santé Publique France (2023), l’incidence du mélanome a doublé en vingt ans dans le pays.

Il est vrai que la grande majorité de ces cancers (carcinomes basocellulaires, épidermoïdes, mélanomes…) trouvent leur origine dans l’exposition aux rayons ultraviolets (UV) du soleil. Les UV abîment l’ADN des cellules de la peau, ce qui peut entraîner, au fil du temps et des expositions répétées, l’apparition de cellules cancéreuses.

  • Les UVB sont responsables des coups de soleil, et leur impact négatif sur la peau est bien connu.
  • Les UVA pénètrent plus profondément dans la peau, accélérant le vieillissement cutané et jouant eux aussi un rôle dans la survenue de cancers.
  • Le risque est supérieur lorsqu’on a la peau claire, de nombreux grains de beauté, ou des antécédents familiaux.

Ce n’est pas un hasard si la majorité des mélanomes apparaissent sur les zones du corps les plus exposées (visage, dos, jambes chez la femme, tronc chez l’homme).

Les cancers de la peau existent-ils sans soleil ?

La réponse est oui : même si le soleil reste la première cause, il existe des situations où le cancer de la peau survient sans exposition solaire importante. Plusieurs autres facteurs de risque peuvent intervenir.

Les sources artificielles d’UV

Avant d’explorer d’autres causes, rappelons que les cabines de bronzage, très en vogue il y a une dizaine d’années, exposent à des UV parfois plus puissants que ceux du soleil. Selon l’INCa (Institut National du Cancer), les utilisateurs de bancs solaires ont 1,6 fois plus de risque de développer un mélanome que la population générale.

Certaines maladies génétiques

Des maladies rares comme le xéroderma pigmentosum, qui touche environ 1 personne sur un million dans le monde, rendent la peau ultra-sensible à la moindre dose d’UV : chez ces personnes, les cancers de la peau peuvent survenir très tôt, même sans grande exposition au soleil.

Mais certaines autres maladies génétiques augmentent le risque de cancers cutanés indépendamment de l’exposition solaire :

  • Syndrome de Gorlin : augmente la survenue de carcinomes basocellulaires dès le plus jeune âge.
  • Syndrome de Li-Fraumeni : prédispose à de nombreux cancers, dont ceux de la peau.

L’immunosuppression : un terrain à risque

Après une greffe d’organe, les traitements pour éviter le rejet (immunosuppresseurs) augmentent de 65 à 250 fois le risque de développer un carcinome épidermoïde (source : La Revue du Praticien, 2022). Chez ces patients, même des doses minimes d’UV peuvent provoquer le cancer, mais dans certains cas, des cancers cutanés apparaissent sur des zones habituellement peu exposées.

Les personnes traitées pour des maladies auto-immunes, des cancers, ou vivant avec le VIH/SIDA se retrouvent parfois concernées par cette fragilité accrue.

Cancers de la peau sur cicatrices ou lésions anciennes

Il existe un phénomène appelé “ulcère de Marjolin” : il s’agit d’un cancer cutané qui se développe dans une cicatrice de brûlure ancienne, parfois des décennies après l’accident. Cela peut aussi concerner des plaies chroniques ou des cicatrices de vaccination ou de varicelle infectées dans l’enfance, transformées bien plus tard.

Produits chimiques et cancers professionnels

Certains métiers exposent à des substances cancérogènes, responsables d’une minorité mais d’une part non négligeable de cancers de la peau non liés au soleil. Les ouvriers du goudron, du pétrole, du caoutchouc, ou en contact avec l’arsenic, ont montré un risque accru. Ces produits peuvent, au fil de contacts répétés, entraîner l’apparition de tumeurs sur la peau, souvent sur les zones exposées (mains, avant-bras).

D’après le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), l’arsenic utilisé dans certains anciens pesticides ou dans l’eau de puits de régions peu contrôlées reste un facteur de risque majeur dans le monde, même si en France cette exposition est devenue très rare.

L’âge : un facteur à ne pas négliger

Une donnée souvent ignorée : les cancers de la peau surviennent surtout avec l’âge. Plus de 75 % des carcinomes cutanés sont diagnostiqués après 60 ans. Même une exposition modérée au soleil durant la vie finit par s’accumuler dans la peau, mais il arrive que certains cancers touchent des zones couvertes presque en permanence, pourquoi ? Parce que l’ADN de nos cellules vieillit avec nous, ce qui suffit parfois à rendre une cellule anormale.

Cancers de la peau chez les personnes à la peau foncée ou noire

Les personnes à la peau noire ou foncée ont bien moins souvent de cancers de la peau en France métropolitaine. Toutefois, quand ces cancers surviennent, ils touchent souvent des endroits non exposés au soleil (paumes des mains, plantes des pieds, sous les ongles). Cela montre que le soleil n’explique pas tout.

Focus sur les différents types de cancers de la peau

Tous les cancers de la peau ne sont pas égaux devant le soleil. Voici les principaux types :

  • Carcinome basocellulaire : représente 70 à 80 % des cancers de la peau. Très lié au soleil, mais peut aussi se développer sur des zones couvertes.
  • Carcinome épidermoïde : lié au soleil mais aussi à d’autres facteurs (cicatrices, exposition aux produits chimiques, immunosuppression).
  • Mélanome : le plus grave. Surtout lié au soleil, mais jusqu’à 10 % des cas n’ont aucun lien clair avec une exposition solaire (source : Institut Gustave-Roussy, 2021). Il peut survenir sous les ongles, sur les muqueuses (bouche, région anale, organes génitaux).
Type de cancer cutané Part des cas liés au soleil Cas non directement liés au soleil
Carcinome basocellulaire 80-90 % Possible sur cicatrices, zones couvertes
Carcinome épidermoïde 70-80 % Exposition chimique, immunosuppression
Mélanome 85-90 % Muqueuses, ongles, génétique

Idées reçues sur le cancer de la peau

  • "Seul le soleil d’été est dangereux." Faux : les UV pénètrent même à travers les nuages et en balade d’hiver sur la plage du Cotentin, on prend aussi des coups de soleil… et des risques.
  • "On ne risque rien avec une peau mate." Faux : le risque est plus faible, mais certains mélanomes très graves surviennent justement sur des peaux foncées quand ils sont diagnostiqués tard.
  • "Un coup de soleil d’enfance ne compte plus à l’âge adulte." Faux : c’est la somme des expositions – et surtout les coups de soleil dans la jeunesse – qui décuplent le risque à long terme.
  • "Un cancer de la peau ne tue pas." Faux : le mélanome, par exemple, cause encore plus de 1 700 décès chaque année en France (Santé Publique France, 2022).

Prévention pour tous : au-delà du soleil, une vigilance globale

Il n’est jamais trop tard pour protéger sa peau.

  • Éviter les expositions prolongées, surtout entre 12 h et 16 h.
  • Porter vêtements couvrants, chapeau à large bord, lunettes de soleil (norme CE).
  • Utiliser une crème solaire adaptée (indice 30 minimum, voire 50).
  • Surveiller l’apparition ou la modification des grains de beauté, cicatrices, ou plaies chroniques.
  • Ne jamais hésiter à consulter, même pour une “tâche” banale qui gratte, saigne ou ne guérit pas.
  • Bannir les cabines de bronzage : leur usage est classé cancérogène certain.
  • Protéger aussi les enfants, les adolescents et les personnes immunodéprimées, hyper sensibles.

Et dans le Cotentin ?

Le climat océanique du Cotentin amène parfois à croire qu’il n’y a “pas de vrai soleil”. Pourtant, l’index UV n’est pas toujours faible, et les nuages laissent passer près de 80 % des UV. Les pêcheurs, les promeneurs du littoral, les agriculteurs sont autant exposés que les vacanciers du Sud.

Dans le Nord-Cotentin, la Ligue contre le cancer et certaines associations locales (voir notre page ressources) proposent des ateliers de sensibilisation gratuits, des stands de dépistage, et parfois la possibilité d’examens de la peau par des professionnels lors de journées dédiées. Renseignez-vous dans vos communes ou auprès de votre médecin traitant !

Pour un regard ouvert sur la prévention et le dépistage

Le soleil est bien la première cause de cancers de la peau, mais d’autres facteurs méritent attention : maladies génétiques, immunodépression, expositions professionnelles, vieillissement cutané ou lésions antérieures. Rester attentif aux signes inhabituels, consulter rapidement en cas de doute et adopter des comportements de protection sont essentiels. À chacun de rester vigilant, même les jours gris, pour profiter sereinement des beaux jours du Cotentin et d’ailleurs, unis par le cœur, forts de l’information et de la solidarité.